Levée de bon matin, je me suis retrouvée sur un terrible champ de bataille.
Bon, en réalité, c'était une cuisine commune telle que laissée par une nuée de jeunes à sac-à-dos. Si le dortoir de 8 ne m'a pas empêchée de dormir comme un loir, me retrouver dans des reliefs de repas et des cadavres de bouteilles n'est pas ce que j'appellerais un bon réveil.
Il ne restait plus que des céréales au lait, du thé en sachet et, suprême horreur, du café instantané. C'était le retour de la malédiction et je devais immédiatement contrer le sort.
Donc après une douche rapide, j'ai allègrement dévalé les cinq étages pour aller acheter les indispensables à la survie, soit : du vrai café à préparer dans le "srdjamane"
du yaourt, du vrai, avec du lait entier et qui sent la vache, du fromage de brebis et du "lavach", un pain en feuille fine comme une crèpe qui se prépare de manière traditionnelle dans des fours en brique réfractaire, creusés dans le sol :
J'ai ajouté là-dessus une bouteille de "bali hut", c'est-à-dire du jus de cerises-griottes et j'ai allègrement calmement remonté les cinq étages.
Au calme, j'ai pu me poser en papotant avec Maneh, la ravissante jeune fille assurant l'accueil de jour :
Plus tard est arrivée Laura, la dame en charge de l'entretien. Nous avons échangé sur les situations économiques de la France et de l'Arménie, la cuisine et les coins à voir autour de Yerevan.
Là-dessus, elle a reçu un coup de fil d'une amie lui proposant des places pour un concert de musique traditionnelle à l'opéra et m'a gentiment offert de l'y accompagner.
Au temps pour le sort !