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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Va te frotter la bouche avec du savon !

Publié le 3 Mai 2021 par Baronne Samedi in Langage, Humeur

La citation était une connivence entre causeurs, un hommage à l’interlocuteur montrant qu’on lui savait la culture nécessaire pour en apprécier la pertinence.

Elle est devenue le prêt-à-porter de la pensée : peu de modèles  et  beaucoup d’exemplaires, souvent mal ajustés.

Comme un pantalon trop court sur des chaussettes blanches, la citation est tronquée (Carpe diem), mal troussée (Le seul moyen de résister à la tentation c’est d’y céder) voire mal comprise (A bon entendeur, salut).

L'appauvrissement de l'expression est tout autant révélé par l'abus de langage. 

Je ne parle pas des argots et jargons, qui font tout le charme d'une culture, mais d’une propension qui fut longtemps le seul apanage des charretiers et autres poissonnières, c'est-à-dire le juron, le gros mot voire l’insulte.

Un seul terme désigne tous les fâcheux : un chauffard  ?  «c* !», un idiot ? «c* !», un goujat ? «c* !».

Un  seul terme souligne toutes les situations, bonnes ou mauvaises : «p*  d’exam’ !», «p* de découvert !», «p* de soirée !», «p* de vacances !».

Pauvres coquettes dont les lèvres rutilantes déversent un flot d’insanités ; pauvres gandins trahis par leurs grossièretés... Ils s’en gargarisent et s’y vautrent, comme si la vulgarité était une rébellion, une prise de position, un manifeste d’existence.

En réalité, ils sont comme ces morveux  qui  braillent  «pipi caca» pour attirer l’attention et n'appellent qu'une réplique : Va te frotter la bouche avec du savon !

Pour parler au coeur comme à l'esprit, le langage n'a pas besoin de cochonneries et si l’on cite Parker, Guitry, Swift, Epicure, Giroud ou Chamfort, c'est justement parce que le bon mot se distingue du gros mot.

Va te frotter la bouche avec du savon !
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B
Bien cher LM, j'emploie "gandins" au sens de jeunes hommes se voulant élégants et raffinés (http://www.cnrtl.fr/definition/gandin) et c'est bien pour illustrer mon propos que j'en dis "trahis par leurs grossièretés"...
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L
Non pas du tout. S'ils sont grossiers ce ne sont pas des gandins, ni des coquettes. Par exemple la grande époque des coquettes était le XVIIe siècle : Les coquettes et les précieuses ne supportaient même pas que l'on dise le mot "fesse". Elles préféraient employer des circonvolutions. Alors comparer les coquettes et les gandins à des contemporains grossiers est assez outrageant. Les personnes que vous évoquez n'ont rien à voir avec des coquettes ou des gandins.
B
Décidément, nous ne nous comprenons pas : je dis bien "trahis par leurS grossièretéS", donc je parle de gandins élégants en apparence dont le langage quand il s'égare dans les gros mots ne leur rend pas hommage.
L
Vous connaissez mon travail depuis longtemps. Mon blog s'appelle "Le gandin" (http://www.lamesure.org), mot que je remets au goût du jour pour parler de certaines personnes qui ne sont pas du tout grossières. La définition du cnrtl est : "Jeune homme très élégant, raffiné et assez ridicule." En quoi est-il dit que ce sont des êtres grossiers ? Au contraire, non ? On ne peut pas chercher à être élégant tout en étant grossier. Si à notre époque la grossièreté est très présente dans tous les milieux, cela n'était certainement pas le cas aux temps du gandin historique, et pas non plus dans ma définition actuelle expliquée par exemple ici : http://www.lamesure.org/2018/09/gandisme.html
L
L’esprit, les bons mots, les conversations raffinées… même la poésie sont peu en usage. On n’invente même plus avec subtilité de nouveaux mots ou expressions, mais on en emprunte d’autres, tout faits, à l’industrie internationale américaine du prêt à penser et consommer qui nous submerge de vulgarité, de violence… faisant passer cela avec la pommade de la technologie. Par contre je ne comprends pas l'usage que vous faites du mot "gandin" ; surtout que je suis le premier à l'utiliser de nos jours et à le réactualiser. Le gandin d'aujourd'hui est le contraire d'un être grossier. Du reste, dans l'histoire des petits-maîtres, précieuses et autres coquettes, la vulgarité n'est jamais présente... mais la joie, la fantaisie, l'inventivité, la poésie, etc.
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