Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Une bonne B.A.F. !

Publié le 23 Mai 2015 par Baronne Samedi in Humeur, Langage

Cette chronique n'est pas destinée aux laxistes ni aux gentillets. 

C'est une déclaration de guerre, un manifeste sans concession.

Assez des panneaux ridicules, des menus proposant de la "terine" ou de la "crême", des polices d'assurance mentionnant des conditions "pécunières" ou  des cartels de musée évoquant des techniques "magistralles" et des "nuanses" remarquables !

J'ai des raisons d'être exaspérée car j'ai été de ceux trahis par le système scolaire : matheux, c'était la gloire ; littéraire, c'était le néant. 

Les classes scientifiques étaient l'élite avec les meilleurs professeurs, alors que les classes littéraires servaient aussi de voie de garage pour ceux qui n'avaient pas d'orientation précise.

Barbotant joyeusement dans le français, l'anglais, l'espagnol et le latin, je n'ai pas désespéré. Mais la sélection s'est révélée impitoyable : même pour une école de journalisme, seul le baccalauréat C (mathématiques/sciences) faisait office de sésame.

Peu à peu, l'apprentissage de la langue est devenu un laboratoire de savants fous : plus de B-A BA mais une méthode de lecture globale totalement idiote ; plus de dictées ; plus de conjugaisons à intégrer par coeur à l'âge où le cerveau peut tout accepter.

Le niveau a baissé ? Au lieu de revoir les méthodes, on a cessé de corriger les fautes dans les rédactions, prétextant que le fond prime la forme.

Personne n'a remarqué qu'on fabriquait des illettrés car il y avait des correcteurs chez les éditeurs et chez les imprimeurs, tandis que les entreprises disposaient de secrétaires qualifiées pour corriger les courriers des commerciaux et ingénieurs dont la compétence était ailleurs.

Seulement voilà : l'informatique est arrivée et de fil en aiguille, n'importe qui peut imprimer  n'importe quoi, sans oublier que l'avènement des mél a fait disparaître une grande partie des bonnes secrétaires, derniers remparts contre la faillite. On en arrive au point que des clients se plaignent à leurs fournisseurs de recevoir des messages illisibles, envoyés par des cadres  pourtant sortis de grandes écoles.

On est au-delà de l'étourderie ou de la faute de frappe, c'est toute une langue qu'on démolit. Sans concordance des temps, sans accords, la pensée perd sa structure et se délite.

Nous sommes victimes de sagouins qui ne se relisent pas, de radins qui mettent au chômage les correcteurs et d'abrutis qui estiment que "moi y'en a parler bwana", c'est largement suffisant.

Pourtant, entre "ferai" et "ferais", il y a tout un monde de possibilités.

En conséquence, je fonde solennellement la Brigade Anti-Fautes.

Je suis armée et dangereuse : j'ai un marqueur rouge et je n'hésite pas à m'en servir !

Une bonne B.A.F. !
Commenter cet article