Des amis ont la gentillesse de me conduire à Espelette, avec une escale à Ainhoa dont l'église vaut le détour.
L'église Notre-Dame-de-l'Assomption d'Ainhoa a été bâtie au 13e siècle par les prémontrés qui fixent le peuplement de la région et le structurent en différentes paroisses depuis la fin du 12e siècle profitant du chemin de Compostelle.
Ainhoa est à cette époque un lieu de peuplement fameux pour sa production d'armes et ses mines.
D'aspect massif avec des meurtrières, l'église servait de refuge en cas de guerre. La tour-porche du 17e siècle est surmontée d'un clocher octogonal datant de 1823.
On accède à son entrée en traversant le cimetière.
Réaménagée au 16e siècle et au début du 17e siècle, l'église est typique des églises labourdines, ne comportant qu'une nef, sans bas-côtés, et se terminant par un chevet roman en cul-de-four.
L'intérieur est caractérisé par ses deux étages de galeries datées de 1649. Destinées à augmenter la capacité de l'église, elles ont réservées aux hommes jusqu'aux années 1970. Je n'avais encore jamais vu un tel aménagement.
Le plafond en bois, bien que plat, donne la sensation d'être dans un navire.
Son retable de bois doré est splendide, avec des statues sous des frontons appuyés sur des colonnes et son décor peint en rouge, les niches étant peintes en bleu.
Nous reprenons la route pour aller à Espelette, qui fait partie de la zone AOP de production du piment d'Espelette et de la zone d'appellation du fromage ossau-iraty.
Outre une activité fortement tournée vers l'agriculture, elle héberge la tannerie Rémy Carriat, un atelier de confection de linge basque et la société Baskalia, fabricante de fromages qui fait partie des cinquante premières entreprises agroalimentaires du département.
Comme c'est l'heure du déjeuner, je me suis régalée avec une assiette de fromages de brebis : nature, bleu et au piment d'espelette. La bière locale a aussi été la bienvenue.
Le piment d'Espelette en français, ou ezpeletako biperra en basque, est un piment spécifique capsicum annuum, cultivé au Pays basque (France). C'est la seule épice bénéficiant du label « Appellation d'origine protégée » en France.
L'aire de production agricole s'étend sur dix communes : Ainhoa, Cambo-les-Bains, Espelette, Halsou, Itxassou, Jatxou, Larressore, Saint-Pée-sur-Nivelle, Souraïde et Ustaritz.
Venue du Mexique, cette variété de piment a été introduite au Pays basque au 16e siècle par le navigateur espagnol Juan Sebastián Elcano originaire de Getaria. La plante fut d'abord utilisée en médecine puis, très vite, comme succédané du poivre noir, condiment et conservateur des viandes.
En 1650, les paysans commencèrent à cultiver des piments à Espelette. Depuis, de récolte en récolte, ils ont sélectionné la semence et nommé populairement « gorria » leur variété de capsicum annuum.
Toutefois ce n'est qu'à partir de 1983, avec la naissance d'une coopérative de producteurs de piment d’Espelette, que la production s'est professionnalisée.
On voit dans les cafés et restaurants, des cordes de piments en train de sécher au plafond, occupant parfois tout l'espace disponible. À partir du mois de septembre, le village se couvre guirlandes de piments sur les façades et les balcons des maisons.
Sur l'échelle de Scoville simplifiée, le piment d'Espelette a une valeur de 4, ce qui n'est pas plus fort que le poivre. Son parfum se développe en restant longtemps à sécher au soleil.
Grâce à la préservation de l'appellation d'origine, la production a doublé depuis 2008, atteignant 156 tonnes. Le chiffre d’affaires généré par la filière représente environ 9 millions d’euros et l'activité fait vivre environ 170 agriculteurs ou producteurs.
J'ai bien sûr fait escale en boutique pour rapporter un pot de piment en poudre.
Il y a aussi à Espelette l'atelier de chocolaterie Antton, dont la gamme inclut des tablettes et des tuiles de chocolat au piment.
Si la tablette est à peine relevée, les fines tuiles de chocolat en sachet sont délicieuses : le chocolat est excellent et on garde, en fin de bouche, une délicate sensation piquante.