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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Ciné-concert : Méliès magicien - Valentin Hadjadj et Erwann Chandon

Publié le 16 Mai 2023 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Musique, Cinéma, Théâtre de la Renaissance, Oullins, Orchestre de l'opéra de Lyon

D'abord prestidigitateur, Georges Méliès découvre le cinéma en 1895 lors de la première représentation publique à Paris du cinématographe par les frères Lumière.

Passionné, il se lance dans un nouveau métier et réalise, entre 1896 et 1912, 520 films dont il est le producteur, le distributeur et dans lesquels il joue lui aussi. 

Inventeur de toutes sortes de trucages, Méliès est souvent considéré comme le père des effets spéciaux. Il aborde tous les genres : bandes publicitaires, actualités reconstituées, féerie en couleurs, mélodrame, burlesque, science-fiction…

Ciné-concert : Méliès magicien - Valentin Hadjadj et Erwann Chandon

Les musiques qui accompagnent les trois courts-métrages de ce ciné-concert sont jouées par l'Orchestre de l'Opéra de Lyon qui fête cette année ses 40 ans... ce qui est plus âgé que les deux compositeurs de ce ciné-concert.

La musique pour À la conquête du Pôle est de Valentin Hadjadj, diplômé du Conservatoire national supérieur de Lyon et nommé "Meilleur jeune compositeur européen de musique de film"  lors du Film Festival de Gand. 

Ciné-concert : Méliès magicien - Valentin Hadjadj et Erwann Chandon

A la conquête du Pôle est le troisième film commandité par le studio Pathé et par lequel Méliès tenta de relancer sa carrière sur le déclin. Il s'inspira de Jules Verne qui lui avait bien réussi pour Voyage vers la lune et Le Voyage à travers l’impossible.

Le film rend compte de son époque car la conquête du Pôle Nord avait eu lieu seulement trois ans auparavant et les suffragettes qui tentent de faire partie de l'expédition étaient  également un sujet d’actualité. 

Une délégation interntionale de savants aux noms farfelus est choisie pour participer à une expédition vers le Pôle Nord dans un aérobus conçu par le professeur Maboul (Méliès). Une musique douce et rêveuse accompagne le dévoilement de la maquette puis devient trépidante à cordes et xylophone lors de la visite de l'usine qui la fabrique.

Une séquence dessinée montre les concurrents de l'expédition qui tentent vainement de dépasser Maboul, dans toutes sortes d'engins volants.  Elle est longue et manque de magie, heureusement compensée par la richesse de la musique.

Plus poétique est le trajet haut dans le ciel où l'aérobus croise des étoiles filantes et des allégories du zodiaque, au son de la harpe, avant la frayeur de l'orage qui fait chuter l'engin dans un roulement de timbales et de gong.

Naufragés, les savants affrontent un géant des neiges qui fait son effet, même s'il est en carton-pâte : il ouvre la voie aux nombreux monstres qui fleuriront à travers l'histoire du cinéma, inspirant des artistes comme Ray Harryhausen.

Les survivants sont attirés par un pic magnétique qui les emmène au fond de l'eau. Seul survit Maboul, sauvé par un dirigeable sous l'oeil narquois des animaux de la banquise.

Ciné-concert : Méliès magicien - Valentin Hadjadj et Erwann Chandon

Pour Cendrillon et la pantoufle merveilleuse et Le Fakir de Singapour, la musique est d'Erwann Chandon, lauréat du Concours international de composition de musique sur film d’animation et a remporté la Plume de cristal au Festival des scénaristes de Valence.

Ciné-concert : Méliès magicien - Valentin Hadjadj et Erwann Chandon

En 1899, Cendrillon fut le premier conte que Méliès réalisa, en 6 mn. A la fin de sa carrière, il en fit cette version longue de 24 mn.  

Alors que Cendrillon s'échine en cuisine, sous les quolibets de ses soeurs au son de la clarinette et du basson, arrivent les héraults du prince apportant l'invitation au grand bal.

Restée seule, Cendrillon se morfond quand surgit une fée et ses deux suivantes. Prenant des souris à la cave et des lézards au jardin, elle les transforme en équipage. Des lutins transportent une citrouille, la creusent de l'intérieur et en ressortent transformés en laquais. 

La séquence suivante est celle de la citrouille qui se transforme en un luxueux carrosse et toute la compagnie emmène Cendrillon au bal, qui se déroule sur une superbe musique de valse. 

Cendrillon et la pantoufle merveilleuse

Cendrillon et la pantoufle merveilleuse

Le bonheur tourne à la panique quand Cendrillon s'aperçoit que le temps  file.  Au sommet d'une grande pendule, des nymphes viennent une à une  frapper la cloche qui résonne grâce au percussionniste de l'orchestre, et la fée apparaît dans le cadran pour tancer Cendrillon qui s'enfuit. 

C'est au son d'une marche martiale que tous les serviteurs du château la recherchent dans le parc pour ne trouver que sa chaussure. 

Une délégation du prince se rend au village pour la faire essayer aux jeunes filles. On voit toute une suite de pieds enveloppés dans des bas... sauf le dernier, sorti d'un grand sabot et couvert de paille.

Le reste de la bobine montre l'avènement de Cendrillon, son couronnement et son pardon à ses soeurs, mais seule la musique sauve cette longueur sans substance. 

Ciné-concert : Méliès magicien - Valentin Hadjadj et Erwann Chandon

En 1908, Méliès fait un bon en arrière pour réaliser non pas une histoire mais une mise en scène d'un spectacle de magie dont il tient le rôle principal.

Dans la mise en scène du Fakir de Singapour, on retrouve les techniques de ses débuts, mais pour une durée de cinq minutes au lieu d'une. 

Il joue la carte de l'exotisme oriental, en incarnant un fakir qui prépare à toute vitesse un numéro spectaculaire sous les yeux admiratifs de sa partenaire.

Sur une musique trépidante qui rappelle La danse du sabre de Khatchatourian, il prend un oeuf de poule pour le faire grossir presqu'à sa taille. S'emparant de divers accessoires, il les agrandit et les assemble pour en faire une balance sur laquelle il répartit les deux moitiés de la coque.

Il les remplit d'un mélange magique, referme le tout puis place l'oeuf sur  un brasero fait d'un palmier qu'il a transformé.

Le Fakir de Singapour

Le Fakir de Singapour

Il fait chauffer le tout avant d'en faire surgir des poules, puis après avoir refermé l'oeuf, il le rouvre pour y découvrir deux bambins puis, répétant la manoeuvre, il fait disparaître sa partenaire qui, à son tour, apparaît dans la coquille. 

La fluidité des trucages parfaitement aboutis est un régal pour l'oeil et à entendre les rires dans la salle, c'est somme toute le film le plus court qui a été préféré par le public.

Ciné-concert : Méliès magicien - Valentin Hadjadj et Erwann Chandon

Films de Georges Méliès (1861-1938)

  • À la conquête du Pôle (33 mn - 1912)  Musique de Valentin Hadjadj
  • Cendrillon ou la pantoufle merveilleuse (24 mn - 1912)
  • Le Fakir de Singapour (6 mn - 1908) Musique de Erwann Chandon

Avec l’Orchestre de l’Opéra de Lyon - Direction musicale Jean Deroyer

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