Pour le dernier jour de cette visite bien trop courte, j'ai déambulé dans la ville. Je regrette de n'avoir pas eu le temps de voir davantage de la vie quotidienne comme les marchés, les sorties d'école etc. mais ce n'est que partie remise.
Je me contente donc de partager ici le choc des contrastes architecturaux, captés au gré de ma promenade, qui sont les témoins des bouleversements qu'a subis Bucarest.
Le sculpteur Mircea Spătaru a représenté l'opposant au régime soviétique Iuliu Maniu avec cet ensemble intitulé "L'homme brisé et l'esprit indomptable" :
La sculpture suivante est moins parlante, même si son nom officiel est "La Renaissance - Mémorial à la Gloire Eternelle de la Révolution Roumaine de . C'est une oeuvre de .
Selon un chauffeur de taxi, les citoyens de Bucarest l'appellent notamment "La pomme de terre sur une brochette", "L'olive sur un cure-dent " voire "Le cerveau sur une pointe".
Il y a en fait un jeu de mots avec "pointe" car en roumain "tirer une pointe" signifie "escroquer".
Ainsi, désigner le monument comme "La pointe de obtenir la commission et ainsi gagner beaucoup d'argent pour une oeuvre qui ne le valait pas.
J'arrive au Monastère d'Antim, après avoir bien trotté.
Mon appétit me rappelle l'heure et par chance, je suis devant un restaurant avec une belle terrasse sous les arbres.
Préparé à la demande, il est d'une fraîcheur impeccable et n'est pas du tout pesant.
Après un bon café, je m'empresse de reprendre l'exploration. Comme je suis au sud de la ville et veux voir au nord la rue de Paris, célèbre pour ses villas, je saute dans un taxi qui m'y emmène pour 10 lei, soit environ 2 euros.
C'est un quartier riche et paisible, avec des maisons d'allures variées. Je descends toute la rue en flânant.
J'arrive à temps pour visiter le Musée des Collections d'Art, constitué de donations de collectionneurs privés. Au début, il comptait 13 collections, offertes à l’Etat par ceux qui les avaient créées et il continue de s'étoffer, comportant des pièces de mobilier, des objets en cristal, des faïences, des céramiques, des peintures, des sculptures...
L'ensemble est hétéroclite car il juxaptose les goûts divers de collectionneurs particuliers, mais il y a des pièces superbes, comme de délicatstapis persans, des netsukes japonais remarquables, des statuettes indiennes, des sculptures de verre contemporaines...
Les prises de vue y étant interdites, je n'ai pu photographier que l'entrée.
Cela fait près de neuf heures que je déambule et mes jambes protestent. Il ne me reste qu'à rejoindre l'hôtel d'où la navette m'emmènera à l'aéroport.
C'est incroyable le nombre d'églises que je visite au gré de mes voyages, d'autant que je suis une athée convaincue, mais elles sont irrésistibles avec leurs fresques, leurs dorures, leurs voûtes... J'ai chaque fois l'impression d'entrer dans une sorte de maison de poupée géante.
J'espère pouvoir un jour revenir en Roumanie pour visiter la campagne et les châteaux, et voir davantage de ce carrefour culturel entre orient et occident.
Dans le musée paysan, devant une splendide collections de chaises de campagne en bois sculpté, une gardienne me disait que "la Roumanie est encore un pays de chaises : plus on va vers l'est et plus la coutume fait asseoir près du sol". Et elle a ajouté que "dès qu'on rassemble des chaises, il se passe quelque chose."
Est-ce cela qui a inspiré le Roumain Ionesco pour écrire "Les chaises" ?