Tout l'honneur est pour moi

Pour ceux qui l'ignoreraient encore, ma fascination pour la pâtisserie n'a pas de bornes. Je souffre même d'assuétude à la chose. Il ne me suffit plus de connaître un bon pourvoyeur : je vise désormais la production locale.

Pour cela, je n'ai pas hésité à me lancer dans un grand oeuvre, celui dont le nom rend hommage au vénérable saint patron des boulangers-pâtissiers. 

Je n'ai pas tenté la recette originale de Monsieur Chiboust dont la crème éponyme relève d'une performance que je n'ose encore mais la crème pâtissière est déjà en soi un régal.

Imaginez les adversaires : une pâte feuilletée à peine domptée de la veille à force de pliage sur toute une journée, une pâte à choux menaçant de solidification, une crème pâtissière réduisant sournoisement, une crème chantilly dont seul le fouet peut venir à bout et du caramel qui se fige au garde-à-vous avant même qu'on ait eu le temps de le tirer de sa casserole.

Sans oublier la chatte qui, voulant sans doute me soutenir, s'est attaquée à la chantilly quand j'ai eu la légèreté de lui tourner le dos.

Le combat dura plus de trois heures. La pâte feuilletée se prenait pour une montgolfière et j'ai dû la poignarder pour lui couper le souffle ; la pâte à choux résista plus de trente minutes à la cuisson ;  les crèmes réussirent des incursions en territoire mural avant que je les circonscrivisse dans une poche à douille...

Sucre et farine faisaient rage, l'affrontement fut épique !

Le caramel parvint à me brûler férocement le doigt, dans ma tentative ridicule de l'orienter dans sa coulée.

Mais qu'on se le dise, Baronne Samedi a triomphé : le saint-honoré s'est livré à moi dans toute sa volupté.

Tremblez, gâteaux, la conquête a commencé !