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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Carte blanche à William Forsythe - Opéra de Lyon

Publié le 9 Novembre 2021 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Danse, Opéra de Lyon

L’un des plus grands chorégraphes contemporains, William Forsythe est reconnu pour avoir renouvelé le ballet conventionnel. Formé à la danse classique, il est vite devenu friand d'expérimentation et d'improvisation. Dans une entrevue sur le site The Talks, il avait déclaré :

Mes premiers souvenirs de danse sont liés aux films avec Fred Astaire. mais je pense que ce qui m'avait fait la plus grande impression était Fantasia, un dessin animé pour lequel ils avaient pris de la musique classique et fait des chorégraphies très imaginatives faisant danser, par exemple, des crocodiles et un hippopotame ! […]  Je pense que j'avais 18 ans quand j'ai vu un vrai ballet. Avant cela, je dansais beaucoup dans les clubs. Mon objectif était soit d'être à Broadway, soit d'être danseur de club. J'ai même brièvement travaillé comme strip-teaser quand j'étais à l'université.

(c) Agathe Poupeney

(c) Agathe Poupeney

Inspiré par le travail de Balanchine, le vocabulaire de danse de Forsythe inclut un jeu de jambes très rapide et des mains expressives, avec souvent une ligne brisée aux poignets.  Le changement de poids joue un rôle majeur, en particulier dans les duos, chacun tirant l'autre si loin du centre qu'un contrepoids se crée entre eux.

J'étais impatiente de voir ce spectacle car je ne connaissais pas encore le travail de Forsythe.

En préambule, l'Opéra de Lyon a commandé à Fabrice Mazliah une création en écho à l'œuvre du maître, Sheela Na Gig. Pour l'anecdote, ce terme désigne une sculpture féminine aux traits grotesques et au sexe exagéré que l'on trouve dans les îles Britanniques.

Tout au long de la pièce, six danseuses chantent a cappella, en polyphonie de simples sons ou en portant des paroles venues de la musique populaire pour évoquer la condition des femmes.

Avec un travail essentiellement au sol, chacune a sa gestuelle et parfois toutes se rapprochent et se synchronisent pour un moment de partage. Il y a des longueurs dans les contorsions mais un moment très fort est celui où les corps comme la scène sont pris comme instruments de percussion. 

(c) Agathe Poupeney

(c) Agathe Poupeney

Avec Quintett, de Forsythe, on est propulsé dans une toute autre dynamique d'où fusent 5 artistes.

Les mouvements ont une base classique très lisible mais c'est dans les ré-interprétations que surgit la modernité. La rapidité est stupéfiante mais plus impressionnante encore est l'extrême fluidité des interactions. 

Par le jeu d'un trappe dans le sol, les artistes surgissent ou disparaissent, et il n'y a aucun répit.  L'ensemble est joyeux, voire ludique, avec des duos rappelant la grande époque de la comédie musicale hollywoodienne.

Le contraste est frappant  avec la musique qui se résume à une boucle de Gavin Bryars intégrant une brève phrase chantée a cappella, dans un documentaire, par un sans-abri. 

(c) Agathe Poupeney

(c) Agathe Poupeney

On est face à un oxymore visuel : les corps paraissent souples comme des poupées de chiffon alors que la rapidité des mouvements et des portés sont d'une rare tonicité. 

Le résultat est une pièce fascinante, voir hypnotique et, d'ailleurs, le rideau tombe au bout de 20 mn tandis que virevolte encore une danseuse comme à l'infini.

(c) Agathe Poupeney

(c) Agathe Poupeney

Pour clore la soirée, One Flat Thing, reproduced est un morceau de bravoure dans lequel de grandes tables sont le théâtre d'une incroyable illusion de chaos. 

14 danseurs et danseuses occupent tout l'espace et même si chaque artiste danse son propre mouvement, une chorégraphie très précise les fait se rencontrer sans jamais se heurter. 

(c) Michel Cavalca

(c) Michel Cavalca

Sur les tables, sous les tables, entre les tables... c'est un parcours qui donne à voir une magnifique explosion d'énergie, à la fois danse et acrobatie.

Les positions extrêmes qu'impliquent les chorégraphies de Forsythe nécessitent des danseuses et danseurs d'excellence. Le Ballet de l'Opéra de Lyon a justement acquis ce langage dynamique et précis pour faire honneur à son écriture, ce qui n'a pas échappé au public qui a chaleureusement applaudi la qualité de l'interprétation.

(c) Michel Cavalca

(c) Michel Cavalca

Sheela Na Gig - Commande de l'Opéra de Lyon Chorégraphie  Fabrice Mazliah, en collaboration avec les interprètes Concept costumes et assistant dramaturgie  Fabrice Mazliah Travail vocal et oeil extérieur Dalila Khatir Lumières Mathias Rieker Composition et effets sonores kling klang klong / Johannes Helberger et Maurice Mersinger Costumes  Marion Bénagès Maîtresse de Ballet  Amandine Roque de la Cruz Danseuses Ballet de l'Opéra de Lyon : Marie Albert, Abril Diaz, Katrien de Bakker, Elisa Monguillot de Mirman, Lore Priszo et Merel Van Heeswijk.

Quintett - Reprise de la pièce pour 5 danseurs et danseuses créée par le Ballett Frankfurt en 1993, entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Lyon en 2010. Chorégraphie William Forsythe en collaboration avec Dana Caspersen, Stephen Galloway, Jacopo Godani, Thomas McManus et Jone San Martin Musique Gavin Bryars, "Jesus’ Blood Never Failed Me Yet" Scénographie et lumières William Forsythe Costumes Stephen Galloway Répétiteurs Stefanie Arndt et Thierry Guiderdoni Maître de Ballet Pierre Advokatoff Danseurs et danseuses Ballet de l'Opéra de Lyon : Caely Knight, Maeva Lassere, Giacomo Luci, Leoannis Pupo-Guillen et Raúl Serrano Núñez.

One Flat Thing, reproduced - Chorégraphie William Forsythe Musique Thom Willems Scénographie et lumières William Forsythe Costumes Stephen Galloway Répétiteurs Cyril Baldy et Thierry Guiderdoni Maîtresses de Ballet Amandine Roque de la Cruz et Jocelyne Mocogni  Danseurs et danseuses Ballet de l'Opéra de Lyon : Kristina Bentz, Edi Biloshmi,  Katrien de Bakker, Abril Diaz, Alvaro Dule, Tyler Galster,  Ricardo Gomes Macedo, Maeva Lassere, Yan Leiva, Giacomo Luci, Elisa Monguillot de Mirma, Albert Nikkoli, Raúl Serrano Núñez et Merel Van Heeswijk,

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