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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Hippolyte, Paul, Auguste : les Flandrin, artistes et frères

Publié le 31 Août 2021 par Baronne Samedi in Art et spectacles, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Exposition

Mon premier amour fut le "Jeune homme nu assis au bord de la mer" d'Hippolyte Flandrin. J'avais 9 ans quand j'ai acheté la carte postale qui m'a servie de marque-page durant des années. 

J'ignorais qu'Hippolyte était d'une fratrie d'artistes et je n'avais vu que très peu d'autres oeuvres. Grâce à l'exposition temporaire organisée par le Musée des Beaux-Arts de Lyon, j'ai pu aller à leur découverte.

Hippolyte, Paul, Auguste : les Flandrin, artistes et frères

Auguste (1804-1842), Hippolyte (1809-1864) et Paul (1811-1902) Flandrin furent des artistes importants de la scène lyonnaise au 19e siècle, même si l'aîné connut une fin prématurée.

Formés dans l'atelier de Jean-Auguste-Dominique Ingres, leurs travaux sont de facture extrêmement classique et académique, même si parfois en surgit une sensualité troublante.

Je dois avouer que j'ai visité le coeur battant, espérant voir enfin, pour de vrai, mon beau Jeune Homme...

Autoportrait à la casquette - Hippolyte Flandrin, vers 1830

Autoportrait à la casquette - Hippolyte Flandrin, vers 1830

Autoportrait - Hippolyte Flandrin, vers 1839

Autoportrait - Hippolyte Flandrin, vers 1839

Double portrait - Paul Flandrin, avec la participation d'Hippolyte, 1842

Double portrait - Paul Flandrin, avec la participation d'Hippolyte, 1842

Autoportrait en pêcheur napolitain - Auguste Flandrin, 1838

Autoportrait en pêcheur napolitain - Auguste Flandrin, 1838

Cour de ferme dans le Bugey - Auguste Flandrin, vers 1840

Cour de ferme dans le Bugey - Auguste Flandrin, vers 1840

Au 19e siècle, dans l’organisation de l’École des Beaux-arts, la représentation du corps humain est considérée comme la pierre angulaire de toute formation artistique. Ainsi, le règlement du prix de Rome prévoit qu’une fois par an, les lauréats fassent parvenir à Paris un tableau d’une figure nue.

Dans la réalisation de ses envois, Hippolyte se met à l’épreuve dans différents registres du nu masculin, dans lesquels la référence à l’antique est combinée avec les libertés anatomiques héritées d’Ingres (pensez à la Grande odalisque et l'ajout des quelques vertèbres qui ont sublimé son dos...).

Académie d'homme nu - Hippolyte Flandrin, 1828

Académie d'homme nu - Hippolyte Flandrin, 1828

L'étude d'après modèle vivant est à la base de l'enseignement académique qui accorde une importance primordale à la juste représentation du corps humain.

Les poses suivent un répertoire établi et l'exercice est une étape obligatoire de tous les concours, en particulier celui de l'Ecole des Beaux-Arts. 

Académie d'homme nu - Hippolyte Flandrin, 1832

Académie d'homme nu - Hippolyte Flandrin, 1832

Le voyage en Italie est un moment crucial dans le développement artistique et humain des frères Flandrin. Hippolyte arrive à Rome en 1833, rejoint un an plus tard par Paul et bien plus tard par Auguste. 

Le tableau suivant constitue le premier envoi d'Hippolyte depuis Rome. Il témoigne de l'influence de l'antique et de l'enseignement d'Ingres en termes de déformations anatomiques.

Polytès est le jeune fils de Priam, roi de Troie. Dans l'Iliade, il est le premier à repérer les navire des Grecs débarquant dans la plaine. Fidèle au texte d'Homère, Hippolyte le représente chaussé des sandales, le regard fixé sur l'horizon. Le paysage rappelle la campagne romaine dont le peintre a fait des aquarelles.

Polytès, fils de Priam - Hippolyte Flandrin, 1834

Polytès, fils de Priam - Hippolyte Flandrin, 1834

Et soudain, il est là, mon beau Jeune Homme dont la rondeur me plaît tant !

Le cartel explique que cette œuvre, la plus célèbre d'Hippolyte, doit en partie son succès à son extrême stylisation.

La construction géométrique simple, fondée sur la combinaison d'un cercle et d'un triangle équilatéral, crée une composition d'un parfait équilibre formel, animé par des éléments d'un intense réalisme, comme les mains croisées au modelé naturaliste.

Jeune homme nu assis sur un rocher, au bord de la mer - Hippolyte Flandrin, 1836

Jeune homme nu assis sur un rocher, au bord de la mer - Hippolyte Flandrin, 1836

L'influence de ce tableau est évoquée dans des travaux ultérieurs donc j'ai retenu les deux exemples suivants :

Caïn - Wilhelm von Gloeden, tirage argentique, vers 1902

Caïn - Wilhelm von Gloeden, tirage argentique, vers 1902

Ajitto - Robert Mapplethorpe, tirage argentique, 1981

Ajitto - Robert Mapplethorpe, tirage argentique, 1981

La campagne romaine, les vues sur la Ville éternelle, les jardins des villas, les côtes de la région de Naples, les cités et les douces collines de Toscane et d’Ombrie : tous ces paysages deviennent des sujets parcourus et aimés.

L’exposition révèle une réelle passion des trois frères pour l’aquarelle, technique fugace et complexe, pratiquée avec une maîtrise surprenante.

Idylle - Paul Flandrin, 1860

Idylle - Paul Flandrin, 1860

Etude de ciel sur la campagne romaine - Paul Flandrin, 1835

Etude de ciel sur la campagne romaine - Paul Flandrin, 1835

La Roccia dei Nasoni - Paul Flandrin, 1834

La Roccia dei Nasoni - Paul Flandrin, 1834

Vue de la campagne romaine - Hippolyte Flandrin, 1834

Vue de la campagne romaine - Hippolyte Flandrin, 1834

Vue de la campagne romaine - Hippolyte Flandrin, 1838

Vue de la campagne romaine - Hippolyte Flandrin, 1838

Le tableau suivant m'a surprise autant qu'enchantée : la lumière sur la maison m'a fait penser irrésistiblement à l'emploi qu'en faisait d'Edward Hopper.

Vue de la villa Torlonia à Frascati au soleil couchant - Paul Flandrin, 1837

Vue de la villa Torlonia à Frascati au soleil couchant - Paul Flandrin, 1837

Vue nocturne de Rome - Hippolyte Flandrin, 1836

Vue nocturne de Rome - Hippolyte Flandrin, 1836

Le Palazzo pubblico de Pérouse - Hippolyte Flandrin, 1835

Le Palazzo pubblico de Pérouse - Hippolyte Flandrin, 1835

Vue de Venise - Hippolyte Flandrin, 1837

Vue de Venise - Hippolyte Flandrin, 1837

La baie de Naples - Auguste Flandrin, 1838

La baie de Naples - Auguste Flandrin, 1838

Paysage autour du Vésuve - Auguste Flandrin, 1838

Paysage autour du Vésuve - Auguste Flandrin, 1838

Paysage fluvial au crépuscule - Hippolyte Flandrin, 1838

Paysage fluvial au crépuscule - Hippolyte Flandrin, 1838

Les études de femmes sont rares dans l’œuvre des Flandrin et leur fascination particulière, qui mêle charge sensuelle et maîtrise formelle, fait regretter qu’elles ne soient pas plus nombreuses. 

Celle qui suit est d'une modernité surprenante.

Etude de jeune Italienne à mi-corps - Hippolyte Flandrin, 1836

Etude de jeune Italienne à mi-corps - Hippolyte Flandrin, 1836

Portrait de jeune femme dit "La Florentine" - Hippolyte Flandrin, 1840

Portrait de jeune femme dit "La Florentine" - Hippolyte Flandrin, 1840

À l’été 1838, les frères Flandrin sont de retour en France.

La hiérarchie académique place en premier lieu la représentation d’épisodes empruntés à l’Antiquité ou à la Bible. Se distinguer par la réalisation de tels tableaux demeure une étape nécessaire pour lancer une carrière. Cependant, ces œuvres présentent un risque financier. Par leurs formats imposants et leurs sujets sérieux, elles sont peu adaptées au goût et aux intérieurs des collectionneurs, ne trouvant place que dans les musées.

Un achat par l’administration est ainsi la seule issue. Les Flandrin ne pratiqueront donc que peu les tableaux d’histoire, afin notamment, pour Hippolyte, de répondre aux obligations imposées par le règlement de la pension à la villa Médicis.

Paul est le seul à élire le paysage comme sa spécialité exclusive.

Pietà - Hippolyte Flandrin, 1842

Pietà - Hippolyte Flandrin, 1842

Le golfe de Marseille vu de Montredon - Paul Flandrin, 1843

Le golfe de Marseille vu de Montredon - Paul Flandrin, 1843

Dans les bois, à l'automne - Paul Flandrin, 1855

Dans les bois, à l'automne - Paul Flandrin, 1855

Paysage idéal - Paul Flandrin, 1855

Paysage idéal - Paul Flandrin, 1855

La fuite en Egypte - Paul Flandrin, 1861

La fuite en Egypte - Paul Flandrin, 1861

Savonarole prêchant dans l'église San Miniato à Florence - Auguste Flandrin, 1855

Savonarole prêchant dans l'église San Miniato à Florence - Auguste Flandrin, 1855

Saint-Louis de Toulouse, étude pour l'église Saint-Vincent de Paul de Paris - Paul Flandrin, 1850

Saint-Louis de Toulouse, étude pour l'église Saint-Vincent de Paul de Paris - Paul Flandrin, 1850

Sainte Pélagie, étude pour l'église Saint-Vincent de Paul de Paris - Hippolyte Flandrin, 1853

Sainte Pélagie, étude pour l'église Saint-Vincent de Paul de Paris - Hippolyte Flandrin, 1853

Etude pour un Christ à la Colonne - Paul Flandrin, 1865

Etude pour un Christ à la Colonne - Paul Flandrin, 1865

Etude de Melchisedek pour Saint-Germain-des-Prés de Paris - Paul Flandrin, 1859

Etude de Melchisedek pour Saint-Germain-des-Prés de Paris - Paul Flandrin, 1859

Le musée doit encore résonner de mon fou-rire devant ce tableau ahurissant.

Le procédé de cache-sexe donne surtout l'impression que Jonas agite son appendice pour créer la vague !

Jonas rendu au jour par le monstre marin, esquisse pour l'église Saint-Germain-des-Prés de Paris - Hippolyte Flandrin, 1860

Jonas rendu au jour par le monstre marin, esquisse pour l'église Saint-Germain-des-Prés de Paris - Hippolyte Flandrin, 1860

Le portrait constitue un axe important du travail de chacun des trois frères Flandrin.

Tous vont connaître le succès dans ce domaine et être sollicités par de nombreuses commandes de la part d’une bourgeoisie florissante.

Mathilde Mirabel-Chambaud - Hippolyte Flandrin, 1835

Mathilde Mirabel-Chambaud - Hippolyte Flandrin, 1835

Antoinette Oudiné - Hippolyte Flandrin, 1840

Antoinette Oudiné - Hippolyte Flandrin, 1840

Alexis Champagne (comédien) - Auguste Flandrin, 1842

Alexis Champagne (comédien) - Auguste Flandrin, 1842

Angélique de Combourg - Hippolyte Flandrin, 1846

Angélique de Combourg - Hippolyte Flandrin, 1846

Aimée Flandrin, son épouse - Hippolyte Flandrin, 1846

Aimée Flandrin, son épouse - Hippolyte Flandrin, 1846

Charles et Amédée Dassy - Hippolyte Flandrin, 1850

Charles et Amédée Dassy - Hippolyte Flandrin, 1850

Georges Broelmann - Hippolyte Flandrin, 1855

Georges Broelmann - Hippolyte Flandrin, 1855

Madame Chavanne - Paul Flandrin, 1861

Madame Chavanne - Paul Flandrin, 1861

Jean-Baptiste Joseph Marcotte-Genlis - Hippolyte Flandrin, 1862

Jean-Baptiste Joseph Marcotte-Genlis - Hippolyte Flandrin, 1862

L'exposition fait également écho à l’actualité de la restauration des décors d’Hippolyte Flandrin à l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Ce chantier d’ampleur, conduit entre 2016 et 2020 par la Ville de Paris, a permis de retrouver des couleurs éclatantes et de redonner toute sa place à cette réalisation majeure de l’art du 19e siècle. Le dispositif immersif  réalisé par la société Iconem  en restitue tous les détails, dans les espaces-mêmes de l’exposition.

ExposItion jusqu'au 5 septembre 2021

Commissaires :  Elena Marchetti, conservatrice,  Fondazione Musei Civici, Venise et  Stéphane Paccoud, conservateur en chef, chargé des collections de peintures et de sculptures du 19e siècle, Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Conçue par le musée des Beaux-Arts de Lyon/Ville de Lyon, cette exposition est reconnue d’intérêt national par  le ministère de la Culture. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État. Elle a été organisée avec le soutien de FRench American Museum Exchange (FRAME), réseau dont le musée des Beaux-Arts de Lyon est membre, ainsi qu’en partenariat avec la Ville de Paris.

Hippolyte, Paul, Auguste : les Flandrin, artistes et frères
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