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Baronne Samedi

Broutilles paraissant le crésudi

Le mot américain à créer en français

Publié le 25 Mars 2020 par Baronne Samedi in Langage

A huit ans, apprenant la chanson "Douce nuit", je restai perplexe sur les paroles

"... du fil, Maman, Noël descend...".

De nature à rationaliser, j'en déduisis que ça signifiait qu'il fallait que la mère apportât du fil pour accrocher les boules au sapin. 

Il se passa quelques années avant de découvrir qu'il s'agissait du  "firmament".

Plus tard, confrontée aux joies du chant de colonie de vacances, je me demandais pourquoi le marin disait :

"Quand j'entends le vent de la mer, je pense aux carameeeeeels".

Toute au bonheur des caramels au beurre salé, je ne savais pas encore qu'il s'agissait en fait de "caravelles".

Le mot américain à créer en français

Mon ouÏe est excellente et je trouvais vexant qu'elle me jouât des tours, jusqu'à ce que j'apprisse grâce aux neurosciences que le cerveau préfère inventer des explications à ce qui lui échappe, pour combler les vides. 

Bien plus amusant, je viens de découvrir qu'il existe un mot américain pour ce phénomène, et c'est "mondegreen".

Le terme a été évoqué pour la première fois par l'Américaine Sylvia Wright dans l'essai "The Death of Lady Mondegreen", publié en1954 par Harper's Magazine. 

Elle y racontait que dans son enfance, sa mère lui lisait des vers tirés de l'ouvrage  “Reliques of Ancient English Poetry”. Parmi ses préférés, il y avait : 

“Ye Highlands and ye Lowlands
Oh, where hae ye been?
They hae slain the Earl Amurray,
And Lady Mondegreen.”

Sauf qu'aucune Lady Mondegreen n'avait été trucidée avec le comte Amurray,  l'ennemi ayant seulement “laid him on the green.” c'est-à-dire laissé le pauvre homme étendu sur le pré.

Wright découvrit plus tard son erreur et aucun mot ne désignant le phénomène, elle lui donna le nom de la fictive Lady Mondegreen.

Le terme  "mondegreen" a été ajouté en 2000 au Webster's College Dictionary et pour autant que je sache, il n'y pas d'équivalent français.

Joli défi, non ?

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L
La poésie c’est aussi inventer des mots, en trouver de nouveaux. Autrefois, la poésie occupait une première place… une place de choix dans la société. Aujourd’hui plus du tout. Pourtant, la plupart des gens font de la morphose, du modephé pour reprendre mon terme. La langue même est une réalité collée sur la réalité. La réalité est tellement grande, infinie, que l’être humain invente des dieux, un dieu, des concepts, des réalités… sa réalité… Il invente et imite… fonctionne par modes… crée sa musique, car il ne sait ou ne peut entendre la merveilleuse musique de l’univers.
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L
Je propose aussi "modefé" pour "mots de fées" ou "mots modifiés", ou mieux encore : "modephé" avec l'idée en plus de métamorphose : de morpher, de morphose...
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B
Au passage, ça me rappelle cette anecdote à propos d'un mot "Jérimadeth" inventé par Victor Hugo :) <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9rimadeth
L
Je propose : « répletion » (à prononcer « réplèssion »), du latin repletus, repleo : remplir, compléter, parfaire.
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B
De quoi phosphorer en cette période de confinement, hé ! hé !
L
Ah zut, je ne savais pas que ce mot existait déjà. Alors "réplétance". On pourrait composer un terme avec une racine grecque.<br /> "Mondegreen" tient de l’anecdote. Pourquoi pas "modéduit" ("mots déduits") ou "monde8", ou "mondimagé", ou "mondegré", etc.